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Le ridicule « classement des meilleurs chefs du monde » organisé par la modeste revue anglaise Restaurant, équivalent français de l’Hôtellerie ou de l’Industrie Hôtelière, recèle un côté très britannique et très anglo-saxon. Anglo-saxon par le désir de créer partout des hiérarchies, des « leaders », des dominants. Britannique par cet art consommé du fantasque que l’on retrouve dans les records Guiness. Vouloir classer (sans ex-oequo) la totalité des chefs gastronomiques du monde relève en effet soit d’une grande naîveté, soit d’un sens de l’évènement qui relève d’un cynisme absolu. Le quotidien Le Figaro qui avait voulu sauter dans ce train médiatique, semble prendre du recul alors qu’il avait avalisé cet évènement qui aurait dû rester très régional.
Il n’en reste pas moins que le travail de sape entrepris par la presse anglo-saxonne de ranger la gastronomie française au rang de gastronomie classique, et un peu dépassée, pas tout à fait exemplaire, est renforcé. on se trouve dans le même cas de figure qu’avec Parker et les vins : la sous-valorisation de la subtilité et la sur-valorisation du côté théâtral et clinquant. Bien sûr, il y a partout de très bons restaurants, mais vouloir faire croire qu’en gastronomie la France (à tous les niveaux de prix) se fond dans la masse relève de la pure action de désinformation orchestrée à des fins économiques.
Georges Golan Revue « Le Chef »