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Labastide d’Armagnac
La bastide? le mot nous vient-il de l’italien bastia, du provençal bastide, pourquoi pas du gascon bastit: bâtir; au participe passé bastide.
Depuis 750 ans, combien de bourgades de l’Armagnac historique portèrent-elles le nom de » bastide » qu’elles gardent encore ? Labastide-Savès, Labastide-Clairance, Labastide d’Armagnac.
Le terroir d’Armagnac s’inscrit, idéalement, entre les contours d’une feuille de vigne!
Oui, tel est l’Armagnac, posé là, sur une carte de France, ciel profond et collines moutonnantes, couvrant la majeure partie du Gers, débordant vers le nord, sur le Lot-et-Garonne ; vers l’ouest, sur les Landes.
Ce terroir tout imprégné d’histoire, terre de contrastes et de beauté, se définit en trois régions traditionnelles.
-Le Bas-Armagnac, ou Armagnac noir, où croit magnifiquement le chêne de feuillage si sombre que les Gascons l’ont surnommé » le chêne noir » et que tout le Bas-Armagnac est devenu l’Armagnac noir. Ici, le vignoble s’étend sur 5127 hectares ; d’ Eauze, sa capitale jusqu’à Aire-sur-l’Adour et Nogaro. Sols sablo-limoneux, parfois acides, et les célèbres sables fauves ainsi colorés par les oxydes de fer.
-La Ténarèze, de même superficie viticole que le Bas-Armagnac, englobant la région de Condom pour descendre un peu au sud de Vic-Fezensac. La Ténarèze enserre jalousement le légendaire Castelmore, berceau de d’Artagnan. Sols argilo-calcaires, « boulbènes » : terrains limoneux au creux des collines.
En Ténarèze comme en Bas-Armagnac, la vigne est reine.
-Le Haut-Armagnac, à l’est, ou Armagnac Blanc, du sud d’Agen au nord de Tarbes, s’enorgueillit d’Auch, sa capitale gasconnante, mais ne compte plus aujourd’hui que 157 hectares d’appellation contrôlée. Les cultures céréalières bénéficient davantage d’un sol calcaire blanchâtre affleurant dans cette partie du pays constituant l’Armagnac Blanc.
Françis Darroze
Dans les Landes le premier jouet de l’enfance est un ballon ovale. Françis Darroze a été rugbyman. Dans chaque village gascon, la valeur d’un jeune homme se révèle entre les poteaux du terrain de rugby, autant si ce n’est plus que dans sa vie professionnelle.Regard noir, attentif, peu loquace, Françis devient bavard pour narrer l’histoire de la dynastie familiale ou parler de ses célèbres armagnacs.
» En 1897, ma grand-mère, une humble cuisinière pleine de mérites, tenait le café de Villeneuve-de-Marsan. Mon grand-père, pâtissier, portait les pastis et les choux à la crème à domicile. Le café faisait restaurant et hôtel avec trois chambres. Sur les grandes tables, on posait des litrons de vin du pays et de gros pains de campagne. Pas de menu, mais une quantité incroyable de plats. La mercredi, jour de marché, le café était plein du petit matin au plus tard dans la nuit! Paysans, forains, gens de Villeneuve s’attablaient, s’empiffraient. C’était notre jour de recette… »
Françis a débuté au fourneaux à l’age de quinze ans, auprès de son père, le légendaire » roi Jean « . Un quart de siècle durant, il a bénéficié de l’enseignement du passé.
Une rencontre magique va changer le cours de l’histoire Darroze. Raymond Beaudoin, célèbre œnologue d’alors, fondateur de l’Académie du vin de France et créateur de caves pour les restaurateurs les plus prestigieux, se lie d’amitié avec le roi Jean et lui fait découvrir les dégustations de grands crus, les agréâges, les eaux-de-vie non réduites.
Le jeune Françis les suit, regarde, écoute goûte, éduque son sens olfactif et devient l’ambassadeur de l’Armagnac authentique.
Mais un seul prodige ne suffisant pas, Françis Darroze est le bienheureux possesseur d’une des plus exceptionnelles collections d’armagnac au monde.
http://www.darroze-armagnacs.com/
Pierre Laberdolive dans ses chais
« Les Laberdolives »
Cinq générations de Laberdolive dans l’un des temples prestigieux des fines eaux-de-vie du Bas-Armagnac, à quelques longueurs de réges de Labastide, fondée en 1291 quand la Gasgogne était anglaise.
Un Laberdolive était là, il y a plus de 150 ans, sur le domaine d’Escoubes ; un second lui succéda et acquit celui de Jaurrey ; un autre acheta les 14 hectares de Pillon et les 3 hectares de Labrune. Le royaume Laberdolive allait s’agrandissant mais ne revendiquant qu’une seule hégémonie : la perfection de l’or de vie dont les secrets passaient de génération en génération.Ici, on distille à l’armagnacaise ; on laisse vieillir l’eau-de-vie en futailles neuves étuvées ; on ne réduit pas.
L’Alambic chez Pierre Laberdolive
Pierre actuel maître des lieux, professe naturellement que la vinification est primordiale dans l’élaboration du produit Laberdolive et que l’alchimie du vin est l’objet d’autant de soins que le vieillissement, les coupes et assemblage qui suivront ! De même il affirme que l’étuvage des pièces neuves atténue les outrances tanniques du chêne gascon. Pierre se veut viniculteur plus que viticulteur…
La dégustation
A Jaurrey, comme dans tout l’Armagnac, on garde en mémoire » le coup du père Joseph « .
Toute la récolte de l’année 1904 logée dans un foudre énorme de 100 hectolitres! Quelques siècles avant, on eût trainé l’iconoclaste au bûcher.
Plus d’un demi siècle s’enfuit. L’armagnac semblait à l’abandon dans son foudre gascon.
1957. Gérard Laberdolive prend une décision fulgurante, géniale et insensée : le contenu du foudre est mis en bonbonnes et en bouteilles ! Les 10 000 litres de 1904 ne sont plus que 3 500 en 1957. Les deux tiers de l’eau-de-vie prisonnière du chêne se sont évaporés en part des anges. Que sera cet armagnac restant?
Miracle! Il ne titre plus que 40°, il est suave, dans l’apothéose d’un rancio d’anthologie. Il est vivant ! Il recevra tous les hommages et deviendra » Perle de la Couronne »!
Le Dîner du Siècle
Les cours étrangères, les ambassades et les stars se disputent ces grands-bas de Jaurrey ou du Pillon. En visite officielle en Gasgogne, Nikita Khrouchtchev se voit offrir douze Laberdolive 1942. Lors du « Dîner du Siècle », à Biarritz, après la remise de la légion d’honneur à Paul Bocuse par le président Giscard d’Estaing, les plus grands toques européennes sont là, au café de Paris ; le Président aussi. A l’issue d’agapes mémorables, un armagnac 1893 clôt la soirée. Le millésime de légende invite au recueillement face à l’océan qui recouvrait tout l’Armagnac, voici des millions de millésimes.
Nicolas Laberdolive a l’alambic
Nicolas et Fabien, fils de Pierre et Michèle, perpétueront la saga des Laberdolives ; le premier revient de l’Université des eaux-de-vie de Ségonzac; le second est œnologue…
Il reste quelques flacons de 1893 à Jaurrey, près de Labastide d’Armagnac
Documentation : Armagnac Feu de Vie
LABERDOLIVE
PROPRIETAIRE – RECOLTANT
Jaurey
40 240 LABASTIDE D’ARMAGNAC
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