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A la cour de François Ier, les Grands servent « par quartiers », c’est-à-dire qu’ils remplissent à tour de rôle leurs charges pendant trois mois et passent le reste de l’année sur leurs terres. Les Rois de France, par crainte des rébellions, ont interdit au seigneur de construire des châteaux forts ; aussi ont-ils choisi le plus souvent de bâtir des manoirs comme nous pouvons encore en voir : l’habitation du maître est placée au centre. Les bâtiments d’exploitation de part et d’autre. Un mur clôt le tout. L’eau vient du puits. Au midi les jardins d’agréments et les jardins potagers, qui fournissent les légumes quotidiens. Plus loin sont les étables et le chenil, car tout seigneur français est chasseur. Le colombier, privilège de noblesse, fournit les pigeons et l’engrais le plus riche que l’on connaisse à l’époque. Une allée conduit au verger, entouré de murs.
Dans le manoir, la pièce principale est la cuisine ; maîtres et serviteurs y mangent dans une familiarité que tempère l’autorité du seigneur. Ronsard, du Bellay et surtout Rabelais nous en ont laissé d’innombrables et vivants témoignages; l’enfance de Gargantua dans un château Renaissance, compte tenu de l’amplification rabelaisienne est une description d’une grande fidélité.
En 1564 paraît à Rouen un ouvrage intitulé « L’agriculture et la maison rustique » dont l’auteur Charles Étienne est un imprimeur et un érudit. c’est lui qui a déjà écrit et publié le premier guide touristique connu « Le Guide des chemins de France » et un ouvrage d’anatomie, « Dissection des parties du corps humain ».
Gargantua
Son livre sur l’agriculture contient, outre les conseils de morale, de fort intéressantes informations neuves pour l’époque : sélection des semences de froment, marnage des terres sablonneuses, entretien de la terre par amendement et engrais pour empêcher qu’elle s’épuise, sélection des différentes terres pour certaines cultures. Les terres légères et caillouteuses sont bonnes pour la vigne. La terre noire et friable, la meilleure, est bonne pour toutes cultures; conseils multiples : pour combattre limaces et fourmis répandre de la cendre et de la sciure de bois au pied des arbres; pour combattre la chlorose (jaunissement des arbres) répandre de la lie de vin sur les racines. Nombre de conseils concernent l’entretien des ruches et la récolte du miel ainsi que l’organisation du verger, la taille, le bouturage et le greffage.
Charles Étienne se fait l’écho de vieilles superstitions latines encore répandues à son époque; la corne de bélier pulvérisée donne de bonnes asperges. Il faut fendre les naseaux d’un cheval pour le guérir de la toux.
Mais à côté de ces sottises, la plupart de ses conseils sont fort pertinents et il n’est pas douteux que l’œuvre de Charles Étienne a aidé de nombreux gentils-hommes campagnards à améliorer et diversifier la production des arbres fruitiers que les paysans jusqu’ici plantaient en plein champ et qui donnaient ce qu’ils pouvaient en un état demi sauvage. Les résultats se font vite sentir : les variétés de poires que Pline énumère sont au nombre de trente-cinq. On en dénombre 260 en 1628. On connait sept variétés de prunes en 1539, seize en 1623 et la fille de Louis XII, l’épouse de François I, Claude de France, donne son nom à la plus savoureuse, » la reine-claude ».
à suivre : Terres et produits nouveaux …